mardi 12 juillet 2016



Cris en sifflements  et grésillements  d'une souris bébé. Les chats, deux dragons éteints, plus embêtés qu'intrigués encerclent sa cachette. Ces cris m'ont réveillée. J'ai vu tout à l'heure la souris  dans la gueule de Nono, être déposée vivante, et la proie, minuscule souris noire, partir à vive allure sous le canapé.

Je ne suis pas à la hauteur, dérangée par cette histoire, je voudrais que les choses se terminent vite mais je crois qu'au fond la souris  m'a communiqué ce stress exprimé dans les aigus.

Cet être-là défend sa vie, fait entendre sa peur. Et la chatte me replombe d'un coup, d'avoir ramené à la maison une souris vivante sans savoir s'en dépêtrer maintenant. Mon égoïsme, lui,  me surplombe quant au sort de la proie et je m'avise que les deux chats à cet instant font figure de bourreaux albatros, pénibles !

Les cris de la souris continuent. Appelle-t-elle de l'aide ? "L'ami, crie-je à mon tour, viens vite ! Chope la souris et mets-là dehors !"

L'homme fatigué n'apprécie pas d'être appelé pour si peu. Au passage, Nono se fait traiter d'andouille par cette épouse "agaçante de sensiblerie". Une andouille, Nono ! elle si gracieuse !  pense-t-il tout bas et même tout haut.

La maison est sans dessous-dessus, mais la souris a réussi son coup : elle se faufile sous l'espace de la porte et va dans la cuisine.

Égoïste je le fus jusqu'au bout dans cette sale affaire,  contrariée maintenant à l'idée du pain grignoté. La soirée est fichue pour un moment, ça râle dans la maison, l'ambiance n'est pas bonne.

Ensuite, je médite la chose. Au fond, je me suis déçue. C'est fou ce que ces petites bêtes s'obstinent à défendre leur peau. Comme la vie est précieuse pour elles !

Ce matin mon ami me téléphone du lieu où il travaille, s'exclamant d'emblée "J'ai trois tapettes !"
Venant de méditer le cas de ce bébé souris je lui fait part que ce sera inutile. J'ai pris soin de ranger la nourriture, de la rendre inaccessible et d'ouvrir la porte du couloir pour que les chats puissent circuler afin qu'elle sente leur odeur : je sais que la souris peut s'échapper par les tuyauteries.

Sinon, ce sera la guerre entre elle et nous, et ce serait trop bête qu'une souris nous déclare la guerre.  La souris sauvage est inadoptable dans la mesure où elle peut ramener des consœurs à foison en un lieu qui, envahi, deviendrait inhabitable pour les humains. Voilà, c'est comme ça. Espérons donc pour elle qu'elle soit  pacifiste.