jeudi 23 décembre 2010

L'HERBIER BOISÉ - Bernard Bertrand ; chanson de Margaret (en fin de page)



L’ailante
*Ailantus glandulosa Desf., Simarubacées
*Arbre atteignant 25 à 30 m de haut, drageonnant en abondance
*Feuilles composées de 15 à 25 folioles, ovales, entières, présentant quelques grosses dents à leur base
*Fleurs jaune verdâtre, d’odeur désagréable
*Fruits ou samares, à graines arrondies et comprimées en leur centre.


Botanique
Les feuilles dégagent, lorsqu’on les froisse, une odeur désagréable, mais ce sont les fleurs mâles qui sont franchement nauséabondes, c’est pourquoi on a planté de préférence des arbres femelles. Un choix qui a contribué à une plus grande dissémination de l’espèce, par semis spontané. Ses jeunes rejets présentent le curieux aspect d’un manche à balais, sans aucune branche !

Synonymes
Vernis du Japon, Frêne puant, Faux-vernis du Japon…
Symbolique
En Asie, l’ailante permet de passer du monde terrestre au céleste.



Son histoire rappelle celle du Robinier : entrée illicite sur notre territoire et refus de se plier à nos lois !
Il est entré chez nous avec de faux papiers, se faisant passer pour un Vernis du Japon, ce qu’il n’est pas ! L'erreur serait le fait des botanistes anglais qui le confondirent avec un Sumac nippon (Rhus sp.) ; et le bougre entretient si bien la confusion qu’aucun démenti officiel n’a réussi à déjouer l’imposture !

Son patronyme d’Ailante lui convient mieux. D’origine malaise, il signifie l’"Arbre qui monte au ciel"… On doit à Pierre d’Incarville d’avoir fourni les semences aux Anglais sus dénoncés et l’introduction du premier spécimen en France, entre 1760 et 1796. L’éminent missionnaire crut bien faire, introduisant un migrant plein de promesses : ses feuilles devaient permettre de nourrir la larve d’un énorme bombyx (Phlosamia Cynthia) dont on espérait extraire quantité de soie noble, pour tissus haut de gamme ! Mais l’insecte ne se plia pas aux contraintes imposées et l’opération fut un échec. Sauf pour l’Ailante lui-même, qui conjugue modes de reproduction multiples et efficacité de propagation…

Ses graines ou samares, en forme d’hélice d’hélicoptère, lui permettent de se disséminer à profusion. Il prospère avec une rapidité étonnante, donnant par ailleurs de jolis fûts ! Rien ne lui résiste, installé comme arbre d’ornement dans un jardinet, il fera rapidement de gros dégâts sur les constructions alentour, n’hésitant pas, le cas échéant, à coloniser les toits plats ou les terrasses de ses semis ! Comme cela ne suffit pas à son appétit d’espace, ses racines conquièrent inlassablement de nouvelles terres… S’infiltrant partout, y compris là où il ne faut pas, elles émettent des rejets, qui, se souciant peu des limites de propriété, n’hésiteront pas à envahir la pelouse du voisin, avec les inévitables conflits de proximité que cela suppose. On tente alors de limiter son développement. Mais l’arbre n’a pas dit son dernier mot, il inflige à celui qui essaie de le contrarier de vilaines allergies… Inquiétante invasion, à laquelle les autorités tentent de remédier tardivement : notes et circulaires diverses alertent les candidats à l’adoption… Aucune circonstance atténuante ne semble jouer en faveur de l’envahisseur ! Un étranger évidemment... La xénophobie pourrait bien gagner les esprits les plus tolérants. Pourtant l’Ailante n’est en rien responsable de nos inconséquences, et son exemple devrait nous inciter à plus de réflexion et de sagesse, quant à l’introduction chez nous d’espèces végétales nouvelles !
L’HERBIER BOISÉ - Histoires et légendes des arbres et arbustes Bernard Bertrand Éd. Plume de carotte
Photo trouvée sur ce site :
http://www.lesarbres.fr/ailante.html