mercredi 24 novembre 2010

La télé, hier soir


Soufflons un peu.
Étonnante soirée télé hier : la vieille dame laissée sans secours, enfermée durant des jours dans sa salle de bain m’a autant impressionnée que la Corée bombardée par l’autre Corée. Cette femme a survécu durant tout ce temps en buvant de l’eau chaude. Les voisins entendaient taper sur les murs et comme seule réponse, ont projeté de faire une pétition pour porter plainte contre ce tapage intempestif. J’imagine que la dame n’a pas dû se contenter de cogner contre les cloisons, elle a dû crier vers le vasistas dont toute salle de bain est pourvue dans ce genre d’immeuble. Le doute s’installant peu à peu dans mon esprit, j’ose espérer finalement qu’il ne s’agit pas d’une réaction inconsciente d’un collectif contre une personne dont la solitude, jugée anormale, dérange. Car qui sait jusqu’où peut conduire la course vers la normalité chez certains hommes : "Je suis normal puisque social, elle n’est pas normale puisque désocialisée, voire asociale." Ce genre de scénario lamentable qui se serait joué autour de cette personne semble impensable, pourtant lors du reportage on a pu voir des voisins interrogés qui n’avaient pas l’air très bouleversés par ce qui m‘apparaît à moi comme un terrible événement. Un quidam questionné dans la rue s’est même exclamé en riant de ce qui n’avait l’air d’être pour lui qu’une simple mésaventure : "Il vaut mieux avoir de la famille et des amis ! Ah! Ah!" Il se réjouissait manifestement de son sort plus enviable, on peut le comprendre, mais bon, une telle délectation me donne envie de consoler virtuellement la dame de ce cauchemar. Imaginez Madame que ce système de fermeture défaillant se serait joué de vos voisins en train de faire l’amour dans la salle de bain et dont les enfants, les amis et l'entourage proche (vous-même), seraient partis en vacances. Qui sait si le sang n’aurait pas fini par couler entre eux durant ce long séjour, ignorés de tous dans cette maudite salle de bain alors que vous, toute seule, n’avez fait couler que de l’eau chaude. Dans le registre sado maso des relations humaines, si l’on en croit ce reportage, c’est une "consolation" possible, mais nous restons tellement dans le glauque n’est-ce-pas, que nous ne pouvons nous contenter de ce genre de "compensation" par trop mesquine. L’amour manque cruellement à nos sociétés éprises de super normalité, vous ne trouvez pas ?
Autre chose m’a impressionnée durant cette soirée télé : le documentaire sur Annie Girardot. On y parlait justement de sado masochisme inconscient entre elle, son mari, et quelques autres, puis quelqu’un a dit quelque chose du genre : "Elle aimait ces hommes pour leurs défauts, leurs défaillances envers elle d’où ce masochisme." L’amour sans exigences, ce n’est pas idéal pour l’équilibre des intéressés mais n'est-ce pas mieux que l’exigence de performances toujours plus hautes pour mériter d’être aimé ? Comme si l’amour s’achetait, ce qui est impossible.