dimanche 7 novembre 2010

Dérèglement climatique : entre science et géopolitique - suite


L’homme est-il responsable ?
Les variations actuelles du système climatique sont liées aux forçages naturels (éruptions volcaniques, activité solaire), mais aussi aux émissions de gaz à effet de serre générées par les activités anthropiques (combustion des énergies fossiles, modification de l’utilisation des terres). Les scientifiques estiment aujourd’hui que moins de 10% du réchauffement apparu depuis 1750 proviendrait d’un forçage radiatif d’origine solaire. La part naturelle du changement est donc réelle, mais ne peut expliquer à elle seule l’augmentation accélérée des dernières décennies du XXe siècle. La part imputable aux activités humaines est donc prépondérante au cours de cette dernière période. Le dernier rapport du Giec (1) (2007) précise d’ailleurs qu’il y a plus de 90% de probabilités pour que les activités humaines soient à l’origine du changement climatique actuel.
Le dioxyde de carbone (CO2) est le principal gaz à effet de serre responsable du changement climatique actuel. Ce gaz contribue à plus de la moitié du réchauffement observé. Les activités humaines entraînent des émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère équivalentes à 8,8 milliards de tonnes de carbone par an. La combustion des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz), à travers le chauffage et les transports est responsable de la majorité de ces émissions avec 7,2 milliards de tonnes de carbone par an (soit 82% de ces émissions). La modification de l’utilisation des terres, qui inclut la déforestation, représente la part restante avec 1,6 million de tonnes de carbone par an (soit 18% des émissions). La moitié des émissions anthropiques de dioxyde de carbone reste finalement stockée au niveau de la basse atmosphère (l’autre moitié étant naturellement reprise par les océans et la biosphère).
Au fil des années, la quantité carbonée s’accumule donc inéluctablement dans l’atmosphère, au rythme actuel de 1,9 ppm par an (molécules de gaz à effet de serre par million de molécules d’air sec). Depuis le début du XXe siècle, la concentration de dioxyde de carbone a augmenté d’environ 35%, pour atteindre 379 ppm en 2005, dépassant largement les valeurs naturelles qui existaient au cours des 650 000 dernières années (180 à 300 ppm).

1. Giec : groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, un organe intergouvernemental ouvert à tous les pays membres de l’Onu.
Paragraphe extrait du Dérèglement climatique : entre science et géopolitique de Gaël Derive, auteur du livre "L’Odyssée du climat. Limiter le réchauffement à 2°C", éd. Terre vivante. Article paru dans la revue Biocontact, mensuel n°207.