samedi 9 mai 2009

Le lin



"On s'est habitué aux champs de colza, vastes étendues jaunes qui ondulent dans le soleil printanier de l'Aunis et de la Saintonge. Beaucoup moins aux champs de lin qui, parfois, éclaboussent d'un bleu intense et lumineux la campagne d'Aunis ou du pays angérien.
Le lin textile est plutôt une culture du nord. Ce sont les agriculteurs belges qui l'ont implantée en France. Le lin oléagineux, très prisé au Canada, commence à gagner de l'espace en Normandie, dans le Centre et en Charente-Maritime.
Philippe Massonnet, jeune cultivateur de Dompierre-sur-Mer, a choisi cette année d e mettre 15 de ses 210 hectares en culture de lin. « Parce qu'il y a un marché, bien sûr. Nous travaillons avec une coopérative de Vendée. Riches en Oméga 3, les tourteaux de lin oléagineux entrent dans la composition de l'alimentation animale. La paille de lin sert pour l'isolation. Et puis, c'est une culture facile qui demande peu d'entretien et de surveillance. Elle n'intéresse pas les oiseaux. Le seul moment délicat, c'est la moisson. Il faut qu'il fasse 25 degrés pour le battre. »
On doit la relance de la culture du lin dans le département à l'Entente des neuf coopératives agricoles indépendantes de Charente-Maritime (Tonnay-Boutonne, Matha etc.). « Pour nous, le premier débouché c'est l'huile. Surtout depuis que Bruxelles vient de l'autoriser dans l'alimentation humaine en raison de ses vertus (1) », explique Gilles Allenou, directeur de l'Entente et responsable de la commercialisation du lin.
Une touche de bleu
Semé en octobre, le lin fleurit en mai et se récolte fin juillet. Plante robuste, rustique, elle nécessite peu d'intrants, un minimum d'engrais et de produits sanitaires. Difficile de trouver plus écolo. Il permet donc à la terre de se reposer entre deux cultures de blé. Généralement, le lin ne se sème sur une parcelle que tous les cinq ou six ans. Pour le céréalier, il ne pèse pas encore économiquement lourd. Et en terme de surface, les 500 hectares actuellement cultivés ne représentent qu'une goutte d'eau, une touche de bleu exotique, dans l'océan jaune ou ocre de la Charente-Maritime agricole (3). Mais petit à petit, le lin fait son nid.
Pour 2009, Philippe Massonnet lui a consacré 8 % de son assolement, loin derrière les petits pois, le colza, la luzerne, voire le chanvre. Un bon agriculteur ne met jamais tous ses oeufs dans le même panier.
La rareté du lin, sa couleur, marquent fortement l'identité du paysage pendant la floraison et déborde donc du strict cadre agricole. Surtout quand les champs se trouvent en bordure de routes à grande circulation, comme à hauteur de Lagord, près de la rocade de La Rochelle. Le lin interpelle.
« C'est une excellente culture de communication », sourit Philippe Massonnet. On ne cesse de me demander pourquoi mes prés sont bleus. » Dans un monde agricole souvent accusé d'inconscience écologique, le lin apparaît comme un bouquet de fleurs bleues offert aux citadins."

(1) Prévention des problèmes cardio-vasculaires. Le lin oléagineux est également exploité en huile pour la peinture. (2) Chiffre 2007. (3) La surface agricole exploitée du département représente environ 300 000 hectares."
Auteur : Thomas Brosset

http://www.sudouest.com:80/charente-maritime/actualite/article/583492/mil/4500675.html